Tu crânes, John Coltrane,
Tu traînes les hommes libres de ton coeur ;
Une note à l'équerre des boucles de bois du piano,
Et c'est la pomme de douche au creux d'une baignoire !
La calvitie du saxophone se moque,
des damnés de la tête et des chauves.
Tu t'écorches les coudes et les genoux
A la musique comme un enfant qui joue
au foot-ball sur un trottoir !...
Tu crânes, John Coltrane,
Tu draines les âmes ébouriffées en chaleur,
Une note à l'équerre des boucles de bois du piano,
Et c'est les seins de Lady Marleen au fond d'une bouilloire !
Le saxophone s'esclaffe des breloques
Qui pendouillent avec des sons de guimauve.
L'oxygène gonfle tes joues
En lumière de dimants, de bijoux,
Sur la façade insalubre d'un bistrot le soir !...
Tu crânes, John Coltrane,
Tu freines les enfants affamés hors de la douleur,
Une note à l'équerre des boucles de bois du piano,
Et c'est un regard intransigeant sur l'histoire !
Avant le Viet-Nam, il n'y avait que des loques,
Que des sexes bas qui sentaient le fauve.
La guerre et la musique réinvente la nef des fous
Et tous les rêves de mort qui nous tiennent de bout
En cette fin de siècle qui s'habille de Noir !
Tu crânes, John Coltrane, tu crânes !...